Il y a 11 ans, quand j’ai pris la décision de lancer ma première entreprise, ma vision de l’entrepreneuriat n’avait rien à voir avec celle que j’ai aujourd’hui.
Pour être franc, je ne savais même pas vraiment ce que « entreprendre » voulait dire. Jusqu’alors, j’avais toujours occupé des postes de salarié, et même en tant que manager, je n’avais jamais eu à porter l’entière responsabilité d’un business. Et croyez-moi, ça fait toute la différence.
En me lançant, je partais avec une idée assez romantique de l’entrepreneuriat, loin de la réalité. J’étais plein de motivation, mais sans réelle idée de ce qui m’attendait, ni par où commencer pour faire avancer mon projet.
Résultat : j’ai vite déchanté.
J'ai commis toutes les erreurs entrepreneuriales possibles... et ça a failli me coûter cher !
Pourtant, mon projet avait tout pour réussir ! Je suis persuadé qu’il aurait pu me mener très loin si je l’avais dirigé avec le bon état d’esprit : de l’agilité et une discipline à toute épreuve.
Mais, à la place, j’ai enchaîné les erreurs.
J’ai voulu faire grandir mon entreprise beaucoup trop vite, sans prendre le temps de poser les bonnes fondations. Je me suis associé aux mauvaises personnes, faute de confiance en moi. J’ai recruté des collaborateurs sans être sûr de pouvoir les rémunérer correctement.
Le résultat ? Mon business, qui comptait tellement pour moi, est devenu un monstre que je ne reconnaissais plus. Un monstre qui a bien failli me dévorer.
Ma descente aux enfers dans l'univers impitoyable de l'entrepreneuriat
Rapidement, j’ai senti que le contrôle m’échappait et que j’étais en train de sombrer.
Mes collaborateurs, recrutés à la hâte et sans le discernement nécessaire, n’étaient pas capables de satisfaire les attentes de nos clients.
Résultat : j’étais constamment pris dans l’opérationnel, obligé de pallier leurs manquements au lieu de pouvoir me consacrer à la stratégie et à la vision de mon business.
Chaque journée était devenue une course pour pallier aux imprévus qui forcément se multipliaient : je ne faisais plus que réagir aux urgences.
Financièrement, c’était la catastrophe : je courais après l’argent, dans l’espoir de parvenir à payer les salaires. Et moi là dedans ? J’ai très vite arrêté de me verser quoi que ce soit, parce que je faisais passer le bien-être de mes collaborateurs avant le mien.
Après quatre ans à ce rythme, mon rêve d’entrepreneur à succès était loin d’être fameux :
- J’avais pris plus de 50 kilos, un poids symbolique du fardeau que je portais…
- L’alcool était devenu ma seule échappatoire…
- Sans oublier les antidépresseurs pour tenir le coup – un mélange explosif avec l’alcool.
Chaque jour, je m’enfonçais un peu plus, mais je continuais à être prêt à tout sacrifier pour une entreprise qui, au fond, me dévorait.
En 2018, j'ai dit stop !
En 2018, j’ai atteint un point de non-retour, mais je ne me rendais toujours pas compte que j’avais vraiment franchi la ligne rouge.
J’aime beaucoup cette photo, celle de 2018, parce que c’est elle qui m’a ouvert les yeux sur le fait que quelque chose n’allait vraiment pas et qu’il fallait que je réagisse.
En 2018, mon entreprise n’a jamais aussi bien fonctionné. Mais elle marchait aussi bien que je la détestais, imaginez un peu…
Chaque journée était devenue une vraie souffrance, mais je ne me remettais toujours pas en question. Dans ma tête, ce que je vivais était normal. On m’avait appris que se sacrifier pour son entreprise était une obligation, que tout entrepreneur cherchant à privilégier son bien-être allait droit vers l’échec.
Heureusement, j’ai eu besoin de photos. Des photos corporates pour mon site internet. Je me souviens encore du shooting au musée de Grenoble avec un ami, comme si c’était hier.
Quand j’ai reçu les photos, ça a été une vraie douche froide : je ne reconnaissais pas la personne dessus.
J’ai mis, sans exagérer, dix minutes à réaliser que cette personne, c’était moi. Et dans ma tête, ça a été un déclic : je ne pouvais pas accepter ça.
J’avais l’intuition profonde que, si je laissais les choses continuer ainsi, ça se terminerait mal. J’étais épuisé, physiquement et psychologiquement.
J’ai donc décidé de réagir, et de prendre plusieurs décisions radicales :
Peu importe le temps que ça prendrait, je devais fermer ma boîte.
J’allais désormais privilégier ma santé et mon bien-être.
Je me suis fixé un objectif radical : courir un marathon d’ici un an.